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Andalousie – Cordoba (Cordoue)


26 au 29 février 2012

Depuis que nous avons quitté la côte, c'est un changement drastique de paysage ! La route se faufile à travers la Sierra Nevada dont les collines sont piquées à perte de vue d'oliviers et d'orangers. Le terrain est aride très aride, même à ce temps-ci de l'année; on se demande comment ces arbres réussissent à y croître. On nous dit qu'en effet il a très peu plu l'été dernier et qu'il n'y a pas eu de récolte d'olives et d'oranges, un vrai désastre pour la région qui ne vit que de ces deux cultures.


Cordoba est réputée être une ville de tolérance, de fusion des cultures, d'harmonie réussie entre des peuples différents; musulmans, juifs et catholiques y vécurent longtemps dans un accord presque parfait. Cette tolérance amena une telle expansion que Cordoba, avec un million d'habitants, devint la plus grande ville d'Europe au 10e siècle. C'est ainsi que le vieux quartier juif, la Juderia, se blottit autour de la Grande Mosquée, la Mezquita, le joyau architectural de la ville. À cette époque, Cordoba rivalisait par son faste avec Constantinople et comptait plus de 300 mosquées. Les califes et les émirs, amoureux d'art et de savoir, évitaient les ségrégations religieuses. Les artistes et penseurs de l'Europe entière affluèrent à Cordoba, la tolérance étant déjà denrée rare à l'époque. Philosophes, historiens, scientifiques de différentes origines partageaient leur savoir. Ciseleurs d'or, tisserands, céramistes et musiciens étaient reçus et choyés par des souverains qui appréciaient les belles choses. Cette belle harmonie a pris fin au début du 13e siècle lorsque les rois catholiques s'emparèrent de Cordoba et en chassèrent les musulmans.
La Mezquita, la cathédrale-mosquée de Cordoba

Le mihrab de la Mezquita qui indique la direction de la Mecque
La Mezquita, la seule grande mosquée conservée en Espagne et une des plus grandes au monde,elle est aussi considérée comme le monument islamique le plus important d'Occident. «Avec sa forêt de colonnes parmi les plus belles de toute l'histoire de l'architecture, elle incarne sans aucun doute l'un des plus purs exemples d'art religieux.» Pour établir son règne, Abd Al-Rahman 1er décide d'élever la ville au rang d'émirat en l'an 756 et y fait ériger une grande mosquée. La Mezquita que l'on visite aujourd'hui origine donc de l'an 785 et est le résultat de trois agrandissements successifs jusqu'en l'an 987. En 1523, presque 300 ans après la reconquête de Cordoba par les catholiques, Charles Quint donna son accord pour détruire la partie centrale de la mosquée afin d'ériger une cathédrale à l'intérieur. Quand il vint ensuite à Cordoba, il regretta amèrement cette décision : «Si j'avais su ce que vous aviez là, dit-il aux chanoines, je n'aurais pas permis que l'on y touche, car vous avez fait ce qui peut se faire n'importe où et vous avez détruit ce qui était unique au monde !»

Cathédrale de la Mezquita
La Mezquita, c'est une forêt de colonnes et d'arches qui dirigent les fidèles vers le mihrab qui indique la direction de la Mecque. Avant la construction de la cathédrale catholique, la Mezquita comptait 1000 fines colonnes de marbre, il en subsiste 854 aujourd'hui (presque toutes d'origines), ce qui est amplement suffisant pour imaginer le coup d'oeil à l'époque. La cathédrale, érigée au milieu de la mosquée, brise évidemment cet alignement parfait de colonnes et d'arches, l'extraordinaire effet de profondeur qui en résulte et la sensation de pureté qui s'en dégage. Par contre, le contraste est plus que saisissant : majestueuse, s'élevant vers le ciel et richement décorée, la cathédrale catholique tranche de façon dramatique avec la mosquée musulmane mystique au style pur et épuré. Que penser face à ces deux architectures qui s'opposent, érigées par deux religions, pour glorifier le même Dieu ?

Une des nombreuses portes extérieures de la Mezquita
L'extérieur et le pourtour de la Mezquita sont aussi une œuvre d'art. Portes et fenêtres sont ornées d'arches ciselées avec finesse. La cour des Orangers, l'accès principal à la Mezquita, était le lieu des ablutions rituelles, étape obligatoire pour se purifier avant d'entrer dans la salle de prières. À la place des orangers qu'Isabelle la catholique aurait fait planter au 15e siècle, se seraient dressés des palmiers. Le minaret, devenu clocher, domine la cour avec ses 47 m de hauteur.

Vue de la Mezquita et du pont romain depuis la tour de la Calahorra


Autre site d'intérêt de Cordoba, la Tour de la Calahorra. Cette grosse tour mauresque est située de l'autre côté du Guadalquivir, le fleuve qui traverse Cordoba; elle est accessible via el Puente romano, un pont piétonnier datant de l'époque romaine. On y a installé un intéressant petit musée consacré à l'islam et représentant la vie à l'époque du califat. Et que dire de la vue du haut de la tour sur le pont et la Mezquita ! Magnifique !
Faience de San Bartolomé


Nous avons aussi fait un arrêt à la Casa Andalusi, une vieille maison du 12e siècle joliment restaurée. Une pièce est consacrée à la fabrication du papier, Cordoba ayant été la première ville d'Europe à en produire au 10e siècle. Il y a aussi la minuscule chapelle San Bartolomé, qui date du 14e siècle, qui vaut le détour ne serait-ce que pour la beauté de ses murs couverts de carreaux de faïence et son retable baroque.


Spectacle de flamenco à la Tablao Cardenal... Olé !
Enfin, nous nous l'étions promis, nous sommes allés voir un spectacle de flamenco à Cordoba. Nous avons retenu «El Tablao Cardenal», dans la Juderia et nous n'avons pas été déçus. Les «tablaos» sont de petites salles de spectacle (moins de 100 personnes) où on peut être près des danseurs (nous étions dans la 1ère rangée). Nous avons eu droit à un spectacle de grande qualité avec des danseurs ayant gagné les premiers prix des concours nationaux. Sans être des connaisseurs, on pouvait apprécier la qualité et l'intensité des artistes, danseurs, chanteurs et musiciens. Une très belle soirée qui nous a donné le goût d'en savoir plus sur le flamenco et de récidiver à Séville, un autre haut lieu du flamenco espagnol !

Andalousie – Granada (Grenade)


23 au 25 février 2012

Voilà, nous quittons la Costa del Sol pour découvrir le centre de l'Andalousie. Depuis Marbella, il faut revenir vers l'est, on en profite pour s'arrêter à Fuengirola et saluer une dernière fois Maria Dolores et Fernando, nos veremos amigos ! À l'est de Malaga, la route qui conduit à Granada pointe vers le nord. Adios el Mar Mediterraneo ! On se reverra en Provence cet été !

L'Alhambra de Granada avec la Sierra Nevada enneigée en toile de fond
Granada, c'est d'abord un site grandiose; la ville est construite à 650 m d'altitude au pied de la Sierra Nevada qui culmine à 3 481 m. C'est donc un paysage enneigé que nous avons en toile de fond pour Granada et son Alhambra, un chef-d'oeuvre de l'architecture arabe, une énorme forteresse qui attire chaque année près de 3 millions de visiteurs, le monument le plus visité de l'Espagne. Mais avant de vous parler de l'Alhambra, faisons un peu d'histoire... Le 2 janvier 1492, Boabdil, dernier roi maure de la dynastie des Abencérages, remet les clés de l'Alhambra aux Rois Catholiques qui s'étaient ligués pour reconquérir d'Espagne. Cela met un terme à 777 ans de présence musulmane en Espagne. L'épopée arabe d'Al-Andalus se termine donc à Granada alors que Christophe Colomb découvre l'Amérique. Malgré la promesse d'Isabelle la Catholique de respecter la liberté de culte et de préserver les mosquées, peu à peu, les musulmans sont victimes de persécution et de violences. Les mosquées et les palais sont saccagés sauf l'Alhambra dont la splendeur transcende les religions. Pendant longtemps dans le monde arabe, on disait de quelqu'un de mélancolique ou de dépressif : «il songe à Granada». Tous les 5 jours, on priait dans la mosquée en se tournant vers Granada et, encore aujourd'hui, la chûte de Granada représente, pour nombre d'arabes, la perte d'un paradis.

L'Alhambra, «la Rouge» en arabe, doit son nom à la coloration que prend sa pierre au soleil couchant. Plus qu'un simple palais, l'Alhambra est une véritable cité cernée de 2,2 km de remparts.

On y retrouve des palais maures mais aussi catholiques, des bains, une mosquée, une forteresse et aussi de merveilleux jardins d'eau et de fleurs. Sa construction a débuté en 1238 et s'est échelonnée jusqu'au 16e siècle avec l'ajout du palais de Charles Quint, un bâtiment de style Renaissance.

Le clou de la visite demeure les trois palais nasrides, les résidences des émirs construites entre 1238 et 1391. Patios, salons, corridors, alcôves... tous d'une rare élégance garnis d'arcades, d'arabesques, d'azuelos (céramiques), de fines colonnes de marbre, de bassins et de fontaines, de plafonds finement travaillés. Un exceptionnel ensemble architectural !


Arcades finement ciselées de la Cour des Lions... on dirait de la dentelle !
 Quelle élégance et finesse !



Vue depuis le Generalife







Un chemin bordé de cyprès et d'une végétation luxuriante nous mène ensuite au Generalife, la résidence d'été des princes nasrides. 

Celle-ci, toute blanche, plus simple est surtout remarquable pour ses jardins, ses fontaines et ses bassins d'eau. Du Generalife, la vue est splendide; le regard embrase l'Alhambra et aussi tout les vieux quartiers de Granada, l'Albaicin et le Sacromonte.

L'Albaicin, la vieille ville arabe

L'Albaicin, à flanc de colline, est un quartier de style arabe qui a sauvegardé son aspect de médina qu'il avait il y a plusieurs siècles. Du 11e au 14e siècle, c'était une ville riche comptant à son apogée pas moins de 26 mosquées et 600 000 habitants ! Rien de plus agréable que de se balader (et de se perdre) au hasard de ce dédale de ruelles étroites, de passages, de placettes, d'escaliers et de culs-de-sac !

Si on grimpe encore plus, on atteint le quartier du Sacromonte, perché dans un environnement plus aride où les cactus et les agaves percent à travers la rocaille. Les habitations, «las cuevas», sont creusées dans la colline crayeuse. Il s'agit de maisons troglodytes autrefois occupées par les gitans. Aujourd'hui encore, plusieurs sont habitées et ne sont accessibles que par un sentier de terre. Les «cuevas» abritent aussi de petites boîtes de flamenco et de zambra, la forme de flamenco typique à Granada. Nous décidons d'attendre à Cordoba pour assister à un spectacle de flamenco car ici, il fait froid le soir; à 650 m. d'altitude, le mercure descend à 2-3C et les spectacles ne commencent pas avant 22h, voire minuit... en Espagne, on fait la sieste en après-midi et on veille tard le soir... c'est connu ! Olé !

Enfin, un fait intéressant propos des gitans... nous avons appris qu'ils seraient originaires du nord de l'Inde, le saviez-vous ? Pas nous. Ils auraient quitté l'Inde entre le 8e et 10e siècle à la suite des invasions arabes puis, lors d'une seconde vague, au 13e siècle lors des razzias mongoles. «Les historiens s'accordent à dire que les Roms (c'est ainsi qu'ils se désignent entre eux - rom signifiant «homme» dans leur langue) auraient quitté l'Inde en deux groupes distincts, l'un progressant à l'intérieur des terres et l'autre cheminant le long des côtes. Ainsi, il traversèrent le Baloutchistan, la Perse, le désert d'Arabie, le désert de Syrie, l'Égypte... Les premiers à gagner l'Europe se seraient installés à Corfou en Grèce au début du 14e siècle. De là, ils se dispersèrent par petits groupes à travers le continent, parvenant dans la péninsule ibérique vers 1425. En Espagne, l'arrivée de ces nomades fit grand bruit. Leurs costumes intriguaient; ils étaient drapés de grandes couvertures bariolées et les femmes portaient un turban oriental monté sur une armature d'osier. En France, l'Église les jugea rapidement et leurs penchants pour la «magie» les voua définitivement à l'enfer. En Espagne, il semble que ce soit le contraire. L'Andalousie tomba un moment sous le charme. Ces bons rapports entre les gitans et la noblesse espagnole se dégradèrent peu à peu, pour se détériorer vraiment au 17e siècle. Plus tard, les magnétisme des gitanes, la science équestre des hommes, leurs danses et leur musique devaient littéralement fasciner les occidentaux.»

Andalousie – Marbella et Ronda


6 au 22 février 2012

Orangers et palmiers en hiver à Marbella !
Au retour des Antilles, on retrouve notre petite maison ambulante avec plaisir. On s'installe à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Fuengirola, près de Marbella. Marbella est une destination très à la mode l'été, le jet-set espagnol aime bien s'y faire voir, mais à ce temps-ci de l'année, c'est plutôt tranquille. C'est l'endroit le plus chaud de toute la côte espagnole et malgré la vague de froid qui sévit partout en Europe, il y fait bon, 150C et ensoleillé le jour et 60C la nuit. On s'y attarde donc un peu, le temps que la température se réchauffe à Granada, notre prochaine destination et aussi le temps de rattraper le retard dans la correspondance accumulée durant notre absence. Réal en profite aussi pour donner un grand coup dans le montage de ses vidéos du Népal; il se régale! Seul problème, impossible de couper, tout est beau, le film durera des heures... !!!

C'est vrai que Marbella est très touristique mais le «vieux Marbella» demeure un bijou. Un beau quartier aux maisons blanches fleuries, aux ruelles étroites et, en son centre, la Plaza de los Naranjos, avec ses orangers bien sûr, mais aussi ses cafés, sa fontaine et ses maisons plusieurs fois centenaires. Les églises et chapelles sont évidemment nombreuses et témoignent de la ferveur religieuse toujours vivante des espagnols. Autre curiosité de Marbella, son Jardin des sculptures : dans un parc, en plein centre-ville, une avenue bétonnée qui présente des bronzes de Salvador Dali. Celle représentant un éléphant nous interpelle particulièrement... Sacré Dali, il sait bien nous faire réagir !

Ronda et son pont, Puente nuevo, construit vers 1775
remarquez la chute du rio Guadelevin tout en bas de la gorge
Fernando nous avait recommandé d'aller voir Ronda, nous y sommes donc allés et nous n'avons pas été déçus. Ronda est l'une des plus vieilles villes d'Espagne, elle existait du temps des Romains; du temps des maures, elle eut le statut d'émirat arabe jusqu'en 1485. Les troupes napoléoniennes passèrent aussi par Ronda. À partir de Marbella, une route sinueuse grimpe dans la sierra pendant une heure avant d'atteindre Ronda à 740 m d'altitude. Vraiment spectaculaire, cette petite ville courageusement dressée sur deux pics rocheux avec un pont à trois arches enjambant le ravin creusé par le Rio Guadalevin qui coule 100 m plus bas! Comme le dit si bien notre amie Marie-Claude... Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Lucie qui se prend pour un toreador !
Ronda est aussi célèbre pour sa Plaza de Toros. Construite en 1785, cette arène est l'une des plus belles et des mieux conservées d'Espagne. C'est à Ronda que fut inventée la tauromachie moderne. À l'origine, il s'agissait d'exercer l'agilité des chevaux de l'armée royale. On utilisait les taureaux pour entretenir la dextérité des cavaliers; c'est par la suite que c'est devenu un spectacle.

Autre célébrité de la ville, Carmen ! C'est ici que se joua sa très réelle tragédie même si Bizet en a fait un opéra qui se déroule à Séville.

Antilles : Martinique – Ste-Lucie – St-Vincent et les Grenadines


22 décembre au 5 février 2012

Mouillage de Mayero dans les Grenadines
En cette veille de Noël, vous volons depuis Malaga en Espagne via Paris jusqu'aux Antilles, en Martinique plus précisément. Durant 6 semaines, nous renouons avec grand plaisir avec la vie de bateau et la chaleur des îles et de ses habitants. C'est en 2006 que nous avions quitté les Antilles, donc il y a 5 ans, avec le Sol Maria pour naviguer en Méditerranée puis vers le Pacifique. Nous avions le goût de revoir ces magnifiques îles et aussi de se faire «dorer la couenne au soleil».

Le très beau mouillage de Château Bélair à St-Vincent
En 5 ans les choses n'ont pas beaucoup changé quoique... nos connaissances ont un peu vieilli, comme nous, de nouvelles constructions ici et là, les prix sont plus élevés et on remarque qu'il y a moins de bateaux dans les mouillages et plus à quai... crise économique oblige... Par contre, la mer nous offre toujours une aussi belle palette de bleus, les poissons semblent plus que jamais peints à la main, le soleil est toujours présent et l'alizé souffle sans cesse pour nous offrir de superbes journées de voile ! Les Antilles, le paradis de la voile, c'est encore vrai ! Pour les 4 dernières semaines, notre cata de location sera un Bahia 46, le même modèle que notre Sol Maria. Quel bonheur que de naviguer de nouveau avec un Bahia ! Nous retrouvons rapidement nos anciennes habitudes et le bateau, plus léger parce que moins chargé d'équipement que le Sol Maria, nous offre de belles vitesses, 9 à 10 nœuds régulièrement, WOW ! Le capitaine est content !

Julian a pêché les langoustes pour nous
Pour plusieurs de nos amis, c'est une première expérience de croisière à la voile, pour d'autres, c'est un plaisir renouvelé. Réal retrouve avec grande joie ses amis John et Julian à St-Vincent. On pêche sans succès pendant un mois et voilà que la dernière semaine, en quelques minutes, deux belles dorades mordent enfin à nos lignes... miam, miam ! Même chose pour les dauphins, quelques timides rencontres puis, à la fin, un banc d'une trentaine de dauphins vient sauter et glisser le long des coques du catamaran. Quel beau spectacle ! On ne s'en lasse pas ! Bien sûr, en soirée, il y a eu les classiques «histoires du capitaine», même les anciens en redemandent ! Côté plongée, le fort vent qui a soufflé sans arrêt aux Tobago Cays a rendu le snorkeling un peu plus «sportif» pour les non initiés. Poissons perroquets, tortues, calmars, barracudas, poissons coffres, raies etc, tous étaient au rendez-vous. Quel exceptionnel spectacle nous avons aussi eu lorsqu'un banc de milliers de poissons argent s'est logé tout près du cata au vent de Baradol ! Tourbillonnant sans cesse, on aurait dit une chorégraphie dans la quelle nous étions les bienvenus de participer, le banc se scindant pour nous laisser y entrer puis se refermant derrière nous ! On se sentait comme un acteur dans un film de Cousteau ! Il y avait aussi quelques grosses carangues et un barracuda, un peu à l'écart, qui semblaient aussi apprécier le spectacle mais pour de toutes autres raisons... !

Marthe, Lucie et Louise, les cousines De Serres
Enfin, nous avons eu le bonheur d'avoir à bord Marthe et Louise, des cousines de Lucie. C'est toujours une grande joie pour nous de partager avec notre famille notre expérience de la vie sur l'eau et de leur faire découvrir la beauté des îles.

Merci la vie pour ces belles semaines sous le soleil des Antilles en si agréable compagnie !

Espana - Andalousie : Fuengirola, Mijas et Malaga sur la Costa del sol


12 au 22 décembre 2011

Maria Dolorès et Fernando à Fuengirola
Un saut d'un peu plus de 500 km vers l'ouest nous amène à Fuengirola près de Malaga sur la Costa del Sol. Nous y sommes accueillis chaleureusement par Fernando et Maria Dolorès, les très bons amis de notre ami Charles. Réal avait rencontré Fernando à quelques reprises à Québec mais il y a de ça 30 ans! Fernando et Maria Dolorès nous reçoivent chez eux et nous font savourer la cuisine espagnole : poisson, agneau, lapin, nous nous sommes régalés ! Il faut dire que Fernando est un ancien restaurateur ! Muchas gracias Maria Dolorès y Fernando !

Un château de sable sur la plage de Fuengirola
Le temps passe, dans 2 semaines nous partirons pour les Antilles. Nous trouvons facilement un endroit sécuritaire près de l'aéroport pour laisser notre camping-car pendant notre séjour aux Antilles, il ne nous reste donc qu'à se la couler douce, à profiter du soleil et de la mer et à découvrir les environs. Fuengirola est une coquette cité balnéaire demeurée à échelle humaine : il y a bien sûr des hôtels, des appartements et des restos pour touristes mais aussi une population locale et un vrai centre-ville bordé par des kilomètres de plage et une promenade cyclable. Ici aussi le camping est presque complet (qu'est-ce que ça doit être durant l'été ?), surtout des britanniques et des scandinaves, aucun français, ils sont tous au Maroc!

Mijas, un village blanc
Notre première visite est pour Mijas Pueblo. Situé à 428 m d'altitude sur le versant des montagnes de l'arrière-pays, Mijas est un village propet, tout blanc et haut perché. Ruelles étroites, balcons fleuris, ferronneries ouvragées, points de vue exceptionnels sur la côte, Mijas vaut le détour. Malgré le vent froid qui y souffle, nous passons une agréable journée à déambuler dans ses ruelles, à s'arrêter dans les petites places et à visiter ses églises et chapelles. Autre curiosité, les nombreux arbres de Noël faits de matériaux recyclés qu'on rencontre ici et là ! Original et plein d'imagination !

Quelques jours plus tard, un train rapide nous amène en moins d'une heure à Malaga, 582 000 habitants et capitale de la province du même nom. Malaga, ville trois fois millénaire, fut tour à tour phénicienne, carthaginoise, romaine puis maure pendant près de 800 ans. C'est en 1487 que les rois catholiques s'emparent de la ville et, au siècle suivant, chassent les derniers arabes qui y séjournaient encore. Malaga a bien conservé quelques traces de son passé arabe, mais elle est surtout connue pour son vin et son enfant célèbre, Picasso.

Le vin de Malaga est presque plus connu en France et en Angleterre qu'en Espagne même. Et pourtant, ce vin que les Arabes de l'époque andalouse connaissaient déjà a acquis une telle notoriété qu'il a même réussi à détrôner le jerez. En fait, il existe deux types de vin de Malaga : un liquoreux (cépages moscatel et pedro ximénez) titrant 15 à 220, et les vins naturellement doux obtenus sans addition d'alcool. La plupart sont élevés en fût eu moins 6 mois et jusqu'à plus de 5 ans. Ils sont produits à une vingtaine de kilomètres au nord dans la région de la Axarquia.

Picasso, né à Malaga en 1881
Quant à Picasso, il est né à Malaga en 1881; même s'il quitta la ville à l'âge de 10 ans et n'y revint jamais y vivre, on dit qu'il resta profondément marqué par ses premières années dans la grande cité andalouse. Un palais du 16e siècle de la vieille ville, le 4e musée au monde consacré au célèbre artiste, présente une centaine de ses œuvres (peintures, céramiques et sculptures). Rien à voir avec le musée-théâtre de Dali à Figueres... les œuvres sont bien présentées mais l'ensemble est sobre, trop sobre, plutôt froid, sans explication, plein de gardiens et... défendu de prendre des photos ! Par contre, sa maison natale existe toujours et abrite une sympathique petite exposition sur le peintre et sa famille. On y apprend que son père était peintre aussi et donna au jeune garçon le goût de la peinture. Très vite, l'enfant réalisa des portraits qu'on prit très rapidement au sérieux. On dit que, toute sa vie, Picasso n'eut de cesse «d'apprendre à dessiner comme un enfant».

L'Alcazaba, la forteresse maure

En ville, l'Alcazaba, l'ancienne forteresse maure qui date du 11e siècle nous rappelle le passé arabe de la ville.

De vieilles pierres, des murs en ruine, rien de bien exceptionnel mais tout de même une agréable promenade. Au pied de l'Alcazaba, les ruines d'un ancien théâtre romain témoigne aussi d'une autre époque.


La cathédrale de Malaga

La cathédrale de Malaga dont la construction débuta en 1582 a la particularité d'être inachevée. On la surnomme d'ailleurs La Manquita, la petite manchote, puisque sa seconde tour ne fut jamais construite.

Son intérieur est quand même intéressant, un mélange de gothique, de renaissance et de baroque.

Les lumières de Noël au centre-ville de Malaga
Groupe folklorique en spectacle à Malaga

En cette période des Fêtes, en soirée, le centre-ville brille de tous ses feux, des milliers de décorations illuminent les grandes artères de la ville. Chanceux comme nous sommes toujours, ce soir là, pour souligner la Navidad, des groupes folkloriques aux instruments et aux voix étranges défilent dans les rues puis s'arrêtent sur l'estrade de la grande place pour s'y produire en spectacle. Quel beau cadeau pour nous !

Des serres de plastique à perte de vue sur la côte
Enfin, puisque le voyage ne nous fait pas juste découvrir de belles choses, on ne peut passer sous silence le paysage désolant que nous avons rencontré entre mer et montagne à l'est de Malaga... Des dizaines de kilomètres de rudimentaires serres de plastique couvrant tout le sol... on croirait qu'il a neigé, le paysage est tout blanc... Nous laissons le guide «Le Routard» (qu'on trouve parfois un peu trop critique, disons-le) vous expliquer de quoi il en retourne et à vous de vous faire une idée...

« Le scandale des Invernaderos... Le phénomène est relativement récent : il y encore quelques décennies, cette région, une des plus sèches d'Espagne et d'Europe (il y pleut aussi peu qu'au Sahel), était quasi inhabitée et à peine parcourue par quelques troupeaux de moutons qui devaient se contenter d'une maigre végétation steppique. C'est l'introduction de la culture de légumes sous serres qui a tout changé, produisant jusqu'à 3 fois par an, tomates, aubergines, poivrons ou asperges à profusion et à contre-saison. Depuis, les maraîchers andalous submergent le marché européen de leur production (25% des légumes verts consommés en Europe viennent d'Andalousie) et prennent part à un enrichissement sans précédent de la région; le prix de la terre a été multiplié par 1 500 ! Dans ce Far West espagnol, sujet à de véritables opérations de colonisation, les villes naissent et se développent à toute allure. Toute cette verdure pas très biologique exige de la main-d'oeuvre; les Invernaderos font appel à de la main-d'oeuvre étrangère plus ou moins exploitée et logée parfois dans des habitations dignes de vrais bidonvilles. Ils seraient entre 40 000 et 50 000 dont la moitié clandestins. Cette agriculture industrielle vide les plages de leur sable et pollue les nappes phréatiques et le sol par l'usage d'engrais et de pesticides - 5 200 tonnes de produits chimiques sont ainsi déversés chaque année dans la région. De plus, ce type d'exploitation épuise les ressources en eau. Un hectare d'Invernaderos consomme 5 500 m3 d'eau par année. Les écologistes tirent depuis longtemps la sonnette d'alarme; les nappes phréatiques sont déjà presque à sec. Leur concentration en nitrates est, par endroits, jusqu'à 5 fois supérieure à la norme européenne. La région a interdit de nouveaux forages mais les industriels de l'agriculture, dont le poids est ici énorme, passent outre et creusent de plus en plus profondément, jusqu'à 2 000 m! Les terre appauvries, elles, sont abandonnées et les bâches de plastique laissées sur place, à se déchiqueter au vent. Les écologistes avancent le chiffre de 30 000 tonnes de résidus plastique par an. Face à cette catastrophe écologique annoncée, certaines municipalités commencent tout juste à interdire les Invernaderos sur leur territoire. Certains s'adaptent: on cultive désormais sur laine de roche à l'aide de substrats organiques déversés goutte à goutte par des systèmes gérés par ordinateur.»

Voilà qui porte à réflexion... Quoi faire, lorsque la prochaine fois au rayon des légumes, vous lirez la mention, importé d'Espagne ?

Holà Espana : Figueres – Valencia - Alicante

2 au 10 décembre 2011

Des petites routes sinueuses le long de criques et de falaises en bordure de mer Méditerranée nous font traverser en Espagne! Olé! Espagne, oui, mais c'est encore le pays catalan, tout est affiché dans les deux langues. La Catalogne, c'est le fruit d'invasions successives, depuis les phéniciens jusqu'aux arabes en passant par les romains. Les catalans sont de grands navigateurs qui ont développé un sens aigu du commerce et de la finance. Contrairement aux basques, les catalans ne prônent pas l'indépendance; ils réclament sans cesse plus d'autonomie du pouvoir central de Madrid mais leur politique n'est pas séparatiste. Leur devise : «Notre langue : le catalan; notre danse : la sardane; notre devise : la liberté.» On dit d'ailleurs du peuple catalan que c'est un savant mélange de bon sens et de démesure... on n'a qu'à penser à Dali, Gaudi et Miro...

La Cadillac pluvieuse de Dali à Figueres
La ville natale de Salvador Dali (1904-1989), Figueres, sera d'ailleurs notre premier arrêt. C'est là que Dali a lui-même installé son musée-théâtre en 1974. Il y travailla pendant 10 ans supervisant les moindres détails et donnant libre cours à ses fantasmes et fantaisies. Nous y passerons toute la journée à déambuler dans ses 22 salles, à s'étonner, à essayer de comprendre et à renoncer à y comprendre quelque chose... On suit le cheminement de l'artiste : impressionniste, futuriste, cubiste, surréaliste, il nous en fait voir de toutes les couleurs! On apprend à reconnaître ses objets fétiches présents dans plusieurs de ses œuvres : le pain, les tiroirs, les béquilles, l'escargot, les œufs, la molécule d'hydrogène etc. L'ampleur de ses connaissances scientifiques et sa fascination pour les sciences sont aussi surprenantes. Il a exercé son art sous plusieurs formes : peinture, sculpture, dessin, écriture, joaillerie, cinéma, architecture... Dali, un génie? Il se qualifiait de génie lui-même depuis son plus jeune âge... oui, génie, dans son style, on n'en doute pas le moins du monde à la fin de la journée!

Noël à Valencia, place de l'Hôtel de ville
En continuant le long de la Costa Brava, on saute par-dessus Barcelone qu'on avait déjà visité en 2004. La ville de Gaudi mériterait bien encore un arrêt de quelques jours mais notre temps est compté, on préfère découvrir du nouveau, on se reverra Barcelone! Notre prochain arrêt-visite sera donc Valencia, le pays des oranges. Toute la journée, on roule à travers les orangeraies, les arbres sont chargés de fruits. La région est légèrement montagneuse et très aride; partout des canaux d'irrigation transportent l'eau essentielle à la culture. Valencia, 3e ville d'Espagne par sa population (807 000 habitants) bénéficie d'un climat exceptionnel, 300 jours d'ensoleillement par année!


Façade baroque de la cathédrale de Valencia
À Valence, on conjugue passé et modernité avec succès. La vieille ville qui cerne la cathédrale et ses dédales de rues piétonnes est encore bien vivante et on s'y perd avec plaisir. Fait à souligner, la vieille ville est entourée d'une ceinture verte composée de parcs, de terrains de sport et d'une piste cyclable, résultat de l'assèchement et de la canalisation du méandre de la rivière Turia qui menaçait sans cesse la ville d'inondations, un bel exemple d'aménagement urbain!
La Plaza de Toros est désormais occupée par un cirque mais les chics hôtels particuliers (palau en catalan) et tours (torres) nous rappellent le riche passé de la ville.
La Lonja, l'ancienne bourse de commerce du 15e siècle témoigne d'ailleurs de la prospérité de la ville : style gothique flamboyant, colonnes torsadées, fines arches, plafonds à caissons, superbe et classée au Patrimoine de l'humanité par l'Unesco, on comprend pourquoi.

Alicante
Puis, toujours plus au sud, Alicante. On s'arrête dans un immense camping à Santa Pola à une quinzaine de km au sud d'Alicante. Là aussi, des plages à perte de vue mais ce qui nous surprend le plus c'est qu'on y retrouve toute la communauté européenne bien installée, la plupart pour plusieurs semaines : allemands, belges, scandinaves, britanniques, français, danois, une vraie tour de Babel! Nous ne sommes donc pas les seuls à rechercher la chaleur à la veille de l'hiver... effectivement, il fait de plus en plus chaud... retour aux bermudas et aux sandales, youpi!

Alicante, plage en ville et forteresse
Alicante, c'est surtout une grande station balnéaire qui, contrairement à plusieurs autres, est bien vivante toute l'année grâce à sa grande plage bordée par une esplanade et des palmiers, sa belle marina en pleine ville et ses restos-terrasses installés dans les moindres recoins. Une forteresse perchée sur un roc surplombant la ville nous rappelle qu'Alicante n'est pas née d'hier... en fait, elle date du 3e millénaire av. J.C.

Originale l'idée de faire un tableau d'une crèche... ou d'en faire un arbre !
Bien sûr, nous avons jeté un coup d'oeil à ses églises et bâtiments historiques, mais ce qui nous a le plus captivés, ce sont deux musées bien spéciaux. D'abord «El Museo de Belenes»... un musée des crèches de Noël. En ce 9 décembre, pas meilleur temps pour aller visiter ce musée. On y apprend que c'est St-François d'Assise qui, pendant la nuit de Noël 1223 encouragea la première représentation de la Nativité de Jésus avec des personnages et des animaux vivants dans une grotte de Greccio en Italie. Pour ce qui est de l'Espagne, la première crèche documentée remonte à l'an 1300 dans la cathédrale de Barcelone. Ce sont d'ailleurs les espagnols qui ont exporté cette tradition en Amérique. À Alicante, les «créchistes», les fabricants de crèches, sont des artisans reconnus et passionnés. Le musée expose plusieurs belles crèches et personnages issus de ces artisans mais aussi des crèches de partout dans le monde.

Processin des «ninots» à Alicante
Le second musée, c'est «El Museo de Hogueras»  ou le Musée des feux de la St-Jean (oui, oui, notre St-Jean-Baptiste, le patron des québécois!). Ce musée propose toute une collection de personnages et sculptures en carton, en papier ou en bois. Construits toute l'année, ces «ninots», qui expriment souvent une critique sociale ou politique, sont brûlés le soir de la St-Jean sur la place publique lors d'une grande fête accompagnée de feux d'artifice et de pétards. Évidemment, la semaine précédant la St-Jean, ils ont fait l'objet de processions, d'exposition et d'admiration!
Il semble que la tradition ancestrale était à l'effet de brûler les effets inutiles à l'approche du solstice d'été et de faire un grand bal populaire autour du bûcher. Comme c'est souvent le cas, l'église catholique a «récupérée» cette fête païenne, d'où les bûchers qui marquent, partout dans le monde catholique, la fête de la St-Jean.

Pyrénées-orientales : Perpignan, Collioure, St-André, et les environs

23 au 30 novembre 2011

Réal et madame Régine Zorzutti à St-André
Nous voici enfin rendus sur le bord de la Méditerranée ! À St-André, près de Collioure, nous retrouvons avec grand plaisir Alain, un grand voyageur que nous avions rencontré en Indonésie en février 2011. Nous faisons connaissance avec sa charmante épouse Christine et sa mère Régine qui nous adoptent immédiatement. Chez madame Régine qui possède une belle propriété et un grand jardin, nous pouvons garer notre camping-car et Alain nous prête généreusement une de ses automobiles, une Alfa Roméo, pour visiter les environs. Il faut dire qu'Alain est d'origine italienne alors pas besoin de vous dire que maman Zorzutti nous a accueillis à bras ouverts et nous a cuisinés plein de bons petits plats plus savoureux les uns que les autres.

En plus du goût du voyage, nous avons en commun avec Alain et Christine l'amour de la mer. En effet, ils ont un voilier sur la Méditerranée, Nuage IV, et nous passons plusieurs heures à échanger sur nos expériences de voyage sur mer et sur terre. Nous avons aussi le plaisir de faire connaissance de leurs bons amis Michel et Agnèle, eux aussi des marins accomplis. Quelles belles rencontres avec des personnes généreuses et chaleureuses! Merci la vie!

L'église Notre-Dame-des-Anges à Collioure
Le guide Michelin décrit parfaitement Collioure, sur le bord de la Méditerranée : «Ah! Collioure... Son église fortifiée, avançant si près de la côte qu'on la croirait dans la mer, ses deux petits ports séparés par le vieux château royal, avec leurs filets étendus et leur barques catalanes aux couleurs vives et à la mâture typique, ses vieilles rues aux balcons fleuris, entrecoupées d'escaliers, sa promenade du bord de mer, ses terrasses de cafés et ses boutiques aux vitrines colorées! Et, pour parfaire ce tableau, un ciel presque toujours bleu... que rêver de plus?»

Port-Vendres
Après s'être baladé avec bonheur dans un Collioure bien tranquille à ce moment-ci de l'année (c'est la foule en été!), on poursuit le long de la Côte vermeille vers Port-Vendres et Banyuls-sur-mer, de petites stations balnéaires à l'abri du fameux vent qui vient des montagnes, le «tramontane». Il faut dire qu'ici, nous sommes au pied des Pyrénées. Le Canigou, le plus haut sommet de la région s'élève à 2 784 mètres et apparaît très imposant avec son sommet enneigé. Il nous rappelle notre bon temps au Népal à presque pareille date l'an passé. Nous espérons bien pouvoir le gravir un jour mais c'est trop tard cette saison, on se dit donc «au revoir». Notre petite Alfa Romeo aime bien elle aussi gravir les montagnes alors on quitte la mer pour sillonner les routes en lacet à travers les vignobles. Nous atteignons rapidement des points de vue intéressants, notamment «Força Réal»à 507 m, un ancien ermitage qui nous offre une vue 360 degrés sur la plaine viticole, la mer, le Canigou et la chaîne des Albères.

En route, il faut bien faire quelques arrêts dégustation pour apprécier la richesse du terroir. Les côtes-du-roussillon donnent surtout des vins rouge foncé et corsés à l'arôme de fruits murs et d'épices. Pas moins de 25 communes se partagent l'appellation «côtes-du-roussillon-village». Ici, c'est aussi le pays du muscat, ce vin doux (sucré) typiquement méditerranéen. Pour conserver la quantité de sucre voulue dans le vin on ajoute de l'alcool dans le moût en cours de fermentation. Il existe toute une gamme de muscat; nous avons particulièrement aimé celui de Rivesaltes qui porte une belle robe dorée et qui dégage des arômes d'agrumes et de miels. Nous avons aussi découvert les Banyuls, plus foncés en raison de leur élevage en fûts de chêne ou en bonbonnes de verre exposées au soleil. À la cave du château de Caladroi, un accueil chaleureux nous a incité à acheter quelques bouteilles et ainsi de suite...

Profitant de l'hospitalité de la famille Zorzutti, nous sommes aussi allés visiter Perpignan. Encore une fois, citons le Michelin : «Perpignan, c'est encore la France mais c'est aussi et peut-être avant tout la Catalogne, comme en témoigne une langue toujours vivante de part et d'autre de la frontière franco-espagnole. Ici, le bâti parle du passé : des comtes de Roussillon et des rois de Majorque, des Catalans et des Aragonais, puis des Français. Ville frontière, de partage culturel, baignée par la mer et à deux pas des sommets pyrénéens, elle a su, au fil des siècles et des conquêtes, se construire une identité particulière, fruit de passages et de mélanges incessants. Aimer Perpignan, c'est apprécier l'ombre de ses promenades plantées de platanes, savourer son rythme de vie, lézarder sur les terrasses en dégustant des tapas, avant l'effervescence nocturne».

Le Castillet, l'emblème de Perpignan
Le Castillet, l'emblème de Perpignan porte les couleurs sang (prononcez «sank») et or de la Catalogne. Il domine la place de la Victoire. En cette saison des Fêtes, il était assez drôle pour nous de voir les employés municipaux travailler à installer des décorations de Noël et une patinoire au pied du Castillet mais nous avons su ensuite que les fêtes de Noël font partie de la tradition catalane, très vivace ici. D'ailleurs, en déambulant dans les quartiers populaires de la ville, on se serait cru dans un autre pays, tous parlaient catalan!

Cathédrale St-Jean
La Place de la Loge (avec sa Vénus de Maillol) et sa rue piétonne pavée de marbre rose constituent le centre d'animation de la ville.

À son extrémité, on atteint la cathédrale St-Jean qui présente une façade de galets et de briques et une tour carrée dotée d'un beau campanile de fer forgé du 18e siècle. Sa nef, imposante, repose sur de robustes contreforts intérieurs séparant les chapelles. St-Jean-Baptiste (on le connaît lui !), le saint patron de la ville, trône au milieu du magnifique retable.

Encore une fois, mille mercis à la famille Zorzutti pour leur hospitalité ! Nous espérons juste pouvoir leur rendre la pareille un jour au Québec... Ciao !

Périgord et Midi-Pyrénées : Sarlat, Rocamadour et Carcassonne


Place de la Liberté et cathédrale St-Sacerdos à Sarlat

17 au 22 novembre 2011

En route pour le sud et un peu plus de chaleur, nous faisons quand même quelques arrêts. Sarlat, une cité médiévale au cœur du Périgord noir a beaucoup à offrir. Tout d'abord son architecture bien préservée, certains bâtiments datant du 12e siècle. La cathédrale St-Sacerdos, bâtie sur les restes d'une abbaye romane, s'élève fièrement au cœur de la ville, entourée de nombreux hôtels particuliers du 14e, 15e et 16e siècles. Les bâtiments, construits en pierre d'un beau jaune doré, se parent d'une lumière chaleureuse en fin de journée au soleil couchant, c'est magnifique!

Et puis, on ne peut passer sous silence toutes les spécialités culinaires du Périgord, notamment son fameux foie gras et ses truffes noires. Chanceux comme toujours, nous arrivons à Sarlat un samedi, jour de marché sur la grande Place de la Liberté, face à l'Hôtel de ville. Un peu encombré pour les photos mais quel plaisir pour les yeux et le palais! La tradition du marché est restée fort vivante en France. Malgré les nombreuses grandes surfaces qui semblent bien achalandées, les marchés locaux sont aussi bien populaires; les gens y font leurs courses, panier d'osier au bras. On nous explique avec plaisir et force de détails les différentes façons dont se présentent foies gras et terrines de canard et d'oie. Le summum est le foie gras entier d'oie parfumé avec un soupçon de truffe... miam, miam!

Les trois étages de Rocamadour : château, église et village
Rocamadour, petite commune du Lot, est un des sites les plus visités de France et est classée au patrimoine mondial de l'Unesco dans le cadre des Chemins de St-Jacques-de-Compostelle. En 1166, les reliques de St-Amadour auraient été découvertes : un corps parfaitement conservé se trouvait enfoui au coeur du sanctuaire. Au moins quatre légendes présentent Amadour comme un proche de Jésus. Le corps de St-Amadour fut sorti de terre puis exposé aux pèlerins qui affluaient déjà en masse depuis près de cinq siècles en ce lieu. Le corps fut brûlé durant les guerres de religion et il ne subsiste aujourd'hui que des fragments d'os de cet ermite devenu saint.

Le village de Rocamadour se présente en trois étages et reflète la société de l'époque : les chevaliers et leur château situé en haut de la falaise de 150 m, les clercs religieux au milieu avec la chapelle et le sanctuaire puis, tout au fond du canyon de l'Alzou, près de la rivière, les travailleurs laïcs. L'épreuve finale du pèlerinage consistait à gravir à genoux les 216 marches conduisant à la cité religieuse qui a déjà compris 19 églises et chapelles. On y venait pour les reliques du corps d'Amadour mais le site devint aussi fameux à la suite des miracles de la Vierge noire dont la cloche miraculeuse signalait, par son tintement, le sauvetage en mer de marins. Cette reconnaissance du monde des marins valut à Notre-Dame-de-Rocamadour d'être vénérée dans plusieurs chapelles de Bretagne et aussi du Québec. Les tribunaux ecclésiastiques, et parfois civils, imposaient fréquemment comme pénitence le pèlerinage de Rocamadour. Parmi les pèlerins célèbres qui se sont rendus à Rocamadour pour se placer sous la protection de Notre-Dame, on note Roland de Ronceveaux (on dit même que l'épée de Roland a été amenée à Rocamadour par l'archange St-Michel), Charles le Bel, Saint-Louis, Blanche de Castille, Louis XI, Aliénor d'Aquitaine, Henri II et... Jacques Cartier!

Porte narbonnaise de la forteresse de Carcassonne
Ensuite, allez hop, on saute par dessus Toulouse qu'on avait déjà vue tous les deux et on fait une étape à Carcassonne, la cité médiévale par excellence, la plus grande forteresse d'Europe, elle aussi classée au Patrimoine de l'Unesco. Nous voici en pays cathare, dans le département de l'Aude (11).

Carcassonne, c'est un château, une basilique et un village entourés d'une double enceinte; l'enceinte extérieure compte 14 tours et celle intérieure, 24 tours. La visite guidée du château érigé au 12e siècle sur l'enceinte gallo-romaine est fort intéressante; elle permet de plus de circuler sur les remparts qui offrent de magnifiques points de vue sur la plaine viticole qui entoure la ville. On entre dans la forteresse par la Porte Narbonnaise, la seule où passaient les chars : deux tours, un pont, un fossé, une barbacane percée de meurtrières et, en avant-plan, la figure de la princesse Carcas, dont la ville tire son nom : alors que la princesse vit Charlemagne lever le siège de sa cité, elle ordonne de faire sonner les cloches d'où le nom : Carcas...sonne!

Vitraux de la basilique St-Nazaire

La basilique St-Nazaire est aussi exceptionnelle par son architecture. En y pénétrant, on est saisi par le contraste entre la nef romane simple, sombre et sévère sous sa voûte en berceau qui date de 1006 à laquelle on a juxtaposé un chevet gothique illuminé par de superbes vitraux élancés qui rappellent ceux de la Sainte-Chapelle à Paris. Autour du choeur, les saints apôtres sont sculptés à même les colonnes, un travail d'art exceptionnel.